Une histoire de famille

Comme avec Christelle, nous avons parlé de ce film sur France Bienvenue, en voici la bande annonce. Et comme d’habitude, c’est un bon entraînement au français oral car c’est une collection un peu décousue de moments de l’histoire, ça va vite, c’est fait pour mettre l’eau à la bouche en en disant suffisamment mais pas trop, sur cette famille où les parents sont sourds et muets, mais où apparemment, on parle sans arrêt ! Et où on chante, des tubes français des années 70.

Famille BélierLa bande annonce du film est ici.

Transcription :
– Arrête de klaxonner à chaque fois, papa ! On dirait un mongolien (1)! Moi aussi, je suis contente de te voir mais on n’est pas obligé de partager notre bonheur avec tout le monde.
– Je vais prendre deux tommes (2). Mais qu’est-ce qu’elle a, madame ?
– Ça s’appelle la division du travail : elle sourit et je parle.
– Amusant !
– Bah, une famille !
– La mycose (3) de ta mère s’est étendue. Est-ce que ton père, il met la crème que je lui ai prescrite ?
– Bah non.
– « J’ai le vagin en feu, des champignons partout. » Ça te gêne pas, toi ? Je vais t’en faire une bonne poêlée, moi, de champignons (4), tu vas voir ! Oh, oh, oh !
– Allez, fais un effort.
– Bah viens, on échange de famille. (5)
– Oh, arrête maman, j’ai plus quatre ans !
– Je viens d’apprendre que j’en reprends pour deux ans (6) à faire chanter une chorale d’escalopes panées. (7)
– On va s’attaquer à un monument (8), parce que quand tout va mal, qu’il n’y a plus aucun espoir, il reste Michel Sardou (9).
– On peut peut-être essayer un truc plus moderne !
– Michel Sardou est à la variété française (10) ce que Mozart est à la musique classique. Intemporel.
– Je veux sentir la luxure, le stupre. Ça vous est jamais arrivé, les boutonneux ?(11)
– Tu arrêtes un peu avec ton parigot ! (12)
– Regarde-toi ! On dirait Bella dans Twilight.
– Oh, ça va ! (13)
C’est peut-être pas la vraie de vraie, la java de Broadway…
– Vous avez un don. Ça vous dirait d’aller apprendre le chant à Paris ?
– C’est l’école qui est à Paris.
– Comment s’organiser ? La ferme, le marché. Faut réfléchir à une autre solution.
– Tu sais ce que ça représente ? Putain, tu es ma meilleure amie et tu as un don.
– J’arrête !
– Pourquoi ça ?
– Je fais ce que je veux, non ? C’est ma vie.
– Vous êtes sûre que c’est votre vie ?
– Maintenant, là, tout de suite ? Mes chers parents, je vole.
– Ça n’excuse pas tout d’être sourds. Je vous déteste !
Je vous aime mais je pars. Vous n’aurez plus d’enfant ce soir.
– Tu es pas une mauvaise mère. Au contraire. Tu es la mère dont tout le monde rêve.
Je ne m’enfuis pas, je vole. Comprenez bien, je vole, sans fumer, sans alcool. Je vole, je vole.

Des explications :
1. un mongolien : c’est un autre terme pour désigner une personne trisomique* (Merci de lire l’échange que nous avons eu avec Annie dans les commentaires. Je corrige donc : Une personne atteinte de trisomie. Et bien sûr, aujourd’hui, personne n’emploie le terme mongolien). Et au sens figuré, c’est une insulte, qui signifie que la personne en question est stupide, débile. On entend aussi parfois une abréviation qui vient de ce mot, pour exprimer la même idée : Il est gogol. (familier)
2. une tomme : c’est le nom donné à certains fromages entiers, de forme ronde. (Une tomme de brebis, etc.) On peut acheter une tomme entière ou alors on demande un morceau de tomme ou de la tomme.
3. Une mycose : ce sont des champignons qui se développent sur la peau ou les muqueuses.
4. Une poêlée de champignons : elle joue sur les mots. Normalement, il s’agit d’un plat de champignons comestibles qu’on fait cuire dans une poêle.
5. On échange de famille : normalement, il vaudrait mieux dire : On échange nos familles. (La préposition « de » marche si on dit : On change de famille.)
6. J’en reprends pour deux ans : cela signifie qu’il est contraint de continuer cette activité pendant les deux années à venir. (familier) Cela vient de l’expression en prendre pour un mois, deux ans, etc., qui signifie au départ qu’on est condamné à une peine de prison de la durée indiquée. On l’emploie au sens figuré : Quand tu as un enfant, tu en prends pour 20 ans minimum ! (ce qui signifie qu’il va falloir s’occuper de cet enfant pendant cette durée.)
7. une escalope panée : c’est un morceau de veau, qu’on passe dans un mélange œuf et chapelure pour le faire dorer dans une poêle. (Vous connaissez aussi le poisson pané, ces carrés de poisson surgelés) Ici, c’est une insulte, une critique du professeur à ses élèves, qu’il ne trouve pas bons. (Je n’avais jamais entendu ça!)
8. s’attaquer à quelque chose : se mettre au travail pour réussir quelque chose qui n’est pas facile : Il s’est attaquée au rangement de son appartement.
9. Michel Sardou : un chanteur français à la très longue carrière, commencée dans les années 60, un des piliers de la chanson française, avec ses fans mais aussi ses critiques.
10. La variété française : c’est le domaine de la chanson française.
11. Un boutonneux : c’est un ado qui a des boutons d’acné sur le visage. Donc quand on traite un jeune de boutonneux, ce n’est pas un terme très sympa, puisque c’est lui dire qu’il n’est qu’un adolescent, pas encore un adulte.
12. Un Parigot : en argot, c’est un Parisien. Mais c’est un terme péjoratif.
13. Oh, ça va ! : quand c’est dit sur ce ton-là, cela signifie qu’on demande à l’autre de se taire parce qu’on n’est pas content de ce qu’il vient de nous dire.

Pour écouter des chansons de Michel Sardou, si vous ne savez pas à quoi ça ressemble. Souvenirs, souvenirs ! (de mon enfance et adolescence!) Je n’étais pas fan du tout, mais on connaissait forcément ces chansons.

8 réflexions sur “Une histoire de famille

  1. Brigitte Noirhomme dit :

    Merci. Je viens de voir le film en VOST (italien) avec mes étudiants. Ils ont beaucoup aimé. On a pleuré comme des Madeleine. C’est un film où on rit pas mal, on pleure beaucoup: un dosage parfait.

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  2. Annie Halpin dit :

    « un mongolien : c’est un autre terme pour désigner une personne trisomique. Et au sens figuré, c’est une insulte, qui signifie que la personne en question est stupide, débile ». Vous auriez quand même pu dire que c’est aussi une injure et un terme très péjoratif sur les personnes atteintes de trisomie. (d’ailleurs, c’est aussi choquant de dire « personnes trisomique »!)

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  3. Anne dit :

    Bonjour Mme Halpin,
    Le propos était juste d’expliquer cette insulte dans le contexte du film. D’ailleurs, j’ai trouvé bizarre que le terme apparaisse dans une réplique et qui plus est, dans la bande annonce, mais c’est effectivement ce qu’on entend dans la bouche de certains jeunes à nouveau.
    Donc merci de nous avoir précisé que c’est une injure – qui comme toute injure/insulte, porte atteinte aussi au groupe désigné par ce terme.
    Je ne savais pas que l’adjectif trisomique était choquant. J’ai trouvé ce terme dans différentes lectures (médicales, ou autres) et entendu dans la bouche de personnes qui travaillent avec des ? . Je pensais d’ailleurs que « atteintes » que vous utilisez était bien plus gênant. Vos explications nous seront donc utiles.
    Bien cordialement
    Anne

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  4. Annie Halpin dit :

    Anne, merci pour votre réponse. Bien-sûr, je peux vous expliquer pourquoi beaucoup de personnes pensent que dire « enfant trisomique/personne trisomique » n’est pas politiquement correct, en tout cas pas éthique. En mettant un adjectif qui définit la personne comme étant trisomique, vous effacez la personne et vous en faites une personne dont la seule caractéristique est celle d’avoir un handicap et ce handicap se trouve la trisomie 21. J’habite dans un pays anglophone et les anglophones sont bien plus à cheval sur ce type de dénomination. Je sais bien qu’on dirait « une personne asthmatique » par exemple, mais ce serait plus correct de dire « souffrant d’asthme »; mais pour ce cas-ci, il n’y a pas de connotation péjorative, ce n’est pas une « tare » d’avoir de l’asthme. Ça ne vous viendrait probablement pas à l’idée de dire « cul de jatte » aux jours d’aujourd’hui. On trouverait cette expression très injurieuse. Pour moi, c’est la même chose. Donc atteinte ou avec.
    Et je suis d’accord avec vous, je trouve cette réplique déplacée dans le film (que je n’ai pas vu).
    Bravo pour votre site.
    Annie

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  5. Anne dit :

    Annie, j’ai corrigé mes explications, en laissant la trace de ces modifications pour que mes lecteurs réfléchissent eux aussi à l’importance des mots qu’on emploie, puisqu’ils expriment notre approche des choses et la modèlent aussi. Merci pour cet échange.
    J’ajoute juste que oui, ce terme m’a interpellée et gênée quand j’ai regardé la bande annonce (ça et le passage sur les mycoses, j’avoue, que j’ai trouvé plutôt lourd!), au point que j’ai failli ne pas faire ce billet. Mais cela venait illustrer la conversation avec Christelle sur mon autre site. Et aussi, ce film a eu du succès (je ne l’ai pas vu non plus) et permet peut-être aussi de changer le regard sur les malentendants. A bientôt
    Anne

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